Combler l’écart de confiance : Conclusions de l’étude d’Edelman Canada sur la confiance des peuples autochtones
La confiance est aussi fondamentale qu’elle est fragile. À l’heure où les entreprises et les institutions souhaitent contribuer à la réconciliation avec les peuples autochtones, il est plus important que jamais de comprendre et de mesurer la confiance de ces derniers. En 2024, dans la cadre de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, Edelman Canada a lancé son étude sur les peuples autochtones et la confiance, qui illustre les perspectives uniques des peuples autochtones et souligne de nombreuses occasions de faire bouger les choses.
La confiance a toujours été au cœur des recherches menées par Edelman, et cette nouvelle étude ne fait pas exception à la règle. En se penchant sur les dynamiques de confiance propres aux peuples autochtones du Canada, elle procure un cadre de référence pour aider les entreprises, les gouvernements et d’autres institutions à aborder la réconciliation avec intention et authenticité.
Pourquoi mesurer la confiance?
La confiance est une mesure prospective qui offre un avant-goût précieux des rapports futurs que le public et les collectivités entretiendront avec les entreprises et les institutions. Depuis plus de 25 ans, Edelman étudie la confiance à l’échelle mondiale. Année après année, nous constatons que les organisations jugées dignes de confiance sont mieux outillées pour réussir : elles sont plus résilientes en situation de crise, peuvent compter sur des consommateurs et des employés plus engagés, et sont généralement plus performantes que leurs concurrents. Or, chez plusieurs peuples autochtones, la réalité de la confiance s’avère plus complexe, surtout face aux institutions qui les ont trop longtemps lésés ou laissés de côté.
C’est pourquoi la plus récente enquête d’Edelman souligne l’importance de la confiance dans le processus de réconciliation. En effet, aucune réconciliation n’est possible avant d’avoir rétabli la confiance des peuples autochtones envers les institutions qui les servent. Or, les données révèlent qu’ils entretiennent une méfiance marquée envers plusieurs des grandes institutions de la société canadienne. Il s’agit là d’un enjeu pressant pour les organisations qui souhaitent bâtir des relations fécondes avec les peuples autochtones. Sans confiance, impossible de panser les blessures du passé et de se tourner vers l’avenir.
L’écart de confiance sous la loupe
Notre enquête révèle que les répondants autochtones sont considérablement plus méfiants envers la majorité des institutions canadiennes que la population générale. Par exemple, tandis que 49 % de la population générale dit faire confiance au gouvernement, cette proportion n’est que de 28 % chez les répondants autochtones. Cet écart, qui témoigne de leur sentiment de marginalisation ancré dans le contexte historique élargi, s’étend à la majorité des grandes institutions, notamment les médias et les ONG.
La confiance des peuples autochtones n’est pas facilement gagnée, tout particulièrement à la lumière de l’exploitation et de l’exclusion qui ont marqué leurs expériences passées. Les données révèlent que l’indice de confiance des répondants autochtones envers la majorité des institutions se situe en deçà de 50 %, et que plusieurs institutions tombent dans la catégorie de la méfiance.
Pourcentage des répondants autochtones qui font confiance en diverses institutions
Il existe cependant quelques exceptions. L’Assemblée des Premières Nations, jugée digne de confiance par 63 % des répondants autochtones, parvient à tirer son épingle du jeu. Son rôle de défense des droits des peuples autochtones y est assurément pour quelque chose. Cette situation souligne l’importance de la gouvernance autochtone pour bâtir des ponts.
Le rôle des entreprises dans la réconciliation
L’étude met en lumière l’opportunité offerte aux entreprises d’assumer un rôle plus actif dans la réconciliation. Fait intéressant, les entreprises sont perçues comme plus adaptables et mieux outillées en vue de l’avenir que les gouvernements, malgré leur faible cote de confiance. En effet, les répondants autochtones croient que les entreprises sont plus honnêtes (marge de 10 points) et ont une meilleure vision de l’avenir (marge de 14 points) que leurs homologues gouvernementaux. Ces résultats démontrent que les entreprises sont en meilleure posture qu’il n’y paraît pour avoir un impact porteur sur la réconciliation – si elles agissent judicieusement.
Perception des répondants autochtones envers les entreprises et le gouvernement
Mais comment les entreprises peuvent-elles occuper un plus grand rôle dans la réconciliation?
Si le gouvernement fédéral est souvent perçu comme l’acteur principal des efforts de réconciliation, les entreprises n’en sont pas moins des partenaires essentiels. Bien qu’elles soient généralement jugées plus dignes de confiance que les institutions gouvernementales par les peuples autochtones (39 % contre 28 %), les entreprises sont considérées comme des partenaires de la réconciliation par seulement 12 % des répondants autochtones. À titre de comparatif, ils sont 25 % à considérer que le gouvernement joue un rôle positif dans la réconciliation. Cet écart offre aux entreprises une opportunité inexploitée de s’impliquer, qui va au-delà de la rentabilité économique immédiate.
La réconciliation économique est un objectif particulièrement important dont les entreprises peuvent être le fer de lance. Par leurs critères d’embauche, le choix de leurs fournisseurs et leurs investissements communautaires, les entreprises peuvent contribuer à l’émancipation
économique des peuples autochtones, qui est l’une des pierres d’assise de la réconciliation. Bâtir la confiance est une entreprise de longue haleine, tout particulièrement lorsqu’elle s’érode depuis des années. Plutôt que de miser sur des mesures à court terme, les entreprises doivent s’engager durablement à approfondir leurs relations avec les peuples autochtones.
La transparence et la responsabilité individuelle sont deux autres volets critiques de la confiance. Si les entreprises souhaitent jouer un rôle accru dans la réconciliation, elles doivent être prêtes à répondre à des questions épineuses, ce qui implique d’accepter la critique et d’être ouvertes au changement. Les peuples autochtones sont très conscients des lacunes des institutions, et la confiance pourra uniquement se développer si le milieu des affaires prouve qu’il accepte d’apprendre et d’évoluer.
Les peuples autochtones veulent davantage de communication et d’action
Si la confiance des Autochtones envers les institutions est faible, leur soif de réconciliation est bien présente. Trois répondants autochtones sur quatre ont exprimé le désir d’en savoir davantage sur les mesures prises par le gouvernement. Les peuples autochtones demandent des efforts tangibles et concrets, qui vont au-delà des gestes symboliques.
À ce chapitre, les répondants étaient clairs : ils veulent plus de communication, plus d’engagement direct et plus de mesures concrètes. La reconnaissance des terres ancestrales autochtones ou les déclarations de soutien ne sont pas suffisantes : le progrès véritable passe par la collaboration directe avec les peuples autochtones pour s’attaquer aux enjeux systémiques comme la pauvreté, le manque d’accès à l’eau potable et le traumatisme persistant des pensionnats.
Qu’est-ce que l’avenir nous réserve?
Les conclusions de notre enquête illustrent éloquemment que la réconciliation n’est pas un processus passif. Elle nécessite la participation proactive de tous les secteurs de la société, y compris le milieu des affaires. Les opportunités abondent pour ceux qui sont disposés à les saisir, et les récompenses potentielles – confiance accrue, relations renforcées et organisations plus résilientes – sont considérables.
Le message adressé aux entreprises est simple : impliquez-vous. La confiance ne se bâtira pas seule. En investissant dans des relations à long terme avec les peuples autochtones, en faisant preuve de transparence et en se concentrant sur la réconciliation économique, les entreprises peuvent jouer un rôle crucial dans le développement de la confiance.
Pour découvrir toutes les conclusions de l’enquête et comprendre comment elles peuvent être mises à profit par votre organisation, consultez Les peuples autochtones et la confiance – Une étude d’Edelman Canada, intégralement accessible en ligne dès maintenant.
L’avenir de la réconciliation commence par la confiance. Agissez sans tarder.
L’opinion des peuples autochtones est difficile à mesurer à l’aide des pratiques de recherche et de sondage quantitatif habituelles. Bien que nous ayons tenté d’obtenir une représentativité en matière de régions de résidence, de genre et d’âge, certains groupes sont difficiles à rejoindre, notamment les résidents des réserves et les personnes qui n’ont pas accès à l’Internet. Ainsi, les données de l’enquête ne sont pas entièrement représentatives des peuples autochtones du Canada.
Chemin de fer appartenant aux Innus et aux Naskapis reliant Schefferville. Source de l'image : Sam Lessard, 2023.